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De la tradition à la vérité

Né en Irlande d'une famille de huit enfants, j'ai eu une jeunesse comblée et heureuse. Mon père était Colonel dans l'armée irlandaise ; j'avais presque neuf ans quand il a pris sa retraite. En famille, nous aimions beaucoup jouer, chanter et faire du théâtre, tout cela dans le cadre du camp militaire de Dublin. Nous étions une famille catholique irlandaise typique. Mon père s'agenouillait parfois de façon solennelle au chevet de son lit. Ma mère parlait à Jésus tout en cousant, en faisant la vaisselle ou même en fumant sa cigarette. Presque chaque soir, nous nous agenouillions au salon pour réciter le rosaire ensemble. Jamais il ne nous serait venu à l'idée de manquer la messe, même en cas de maladie grave. Ainsi, dès que j'ai eu cinq ou six ans, Jésus-Christ est devenu pour moi quelqu'un de tout à fait réel, comme Marie et tous les saints. Je comprends donc bien tous ceux qui sont originaires des pays européens traditionnellement catholiques, d'Amérique Latine, ou des Philippines, et qui mettent Jésus, Marie, Joseph et tous les autres saints dans le même sac. On m'a inculqué le catéchisme à l'école des Jésuites de Belvédère, où j'ai suivi toute ma scolarité du primaire et du secondaire. Comme tout garçon élevé chez les Jésuites, j'étais capable dès l'âge de dix ans de réciter les cinq raisons qui font que Dieu existe et que le Pape est le chef de la seule Eglise véritable. Sortir les âmes du purgatoire était également une affaire sérieuse. Nous mémorisions les paroles suivantes : "C'est avoir une pensée sainte et saine que de prier pour les morts, afin qu'ils puissent être délivrés de leurs péchés", même si nous ne comprenions pas le sens de ces mots. On nous disait que le Pape, en tant que chef de l'Eglise, est l'homme le plus important au monde : Ses paroles ont force de loi et les Jésuites constituent son bras droit. Même si la messe était dite en latin, je faisais de mon mieux pour y aller tous les jours, tant j'étais attiré par l'atmosphère mystérieuse qui l'entourait. On nous disait aussi que l'assiduité à la messe était le moyen le plus sûr de plaire à Dieu. On nous encourageait à prier les saints ; Il existait des saints patrons pour toutes les circonstances possibles et imaginables. Je ne les invoquais guère, à l'exception de Saint Antoine, patron des objets perdus, car j'avais tendance à tout perdre. Lorsque j'ai eu quatorze ans, je me suis senti appelé à devenir missionnaire. Cet appel n'a rien changé, cependant, à mon mode de vie à ce moment-là. De seize à dix-huit ans, j'ai vécu un temps d'épanouissement extrêmement agréable, remportant autant de succès sur le plan scolaire que sur les terrains de sport. A cette époque, il me fallait souvent conduire ma mère à l'hôpital, où elle subissait un traitement. Un jour, en l'attendant, je suis tombé au cours d'une lecture sur les versets suivants de Marc 10. 29-30: "Jésus répondit: en vérité, je vous le dis, il n'est personne qui ait quitté, à cause de moi et de l'Evangile, maison, frères, sœurs, mère, père, enfants ou terres, et qui ne reçoive au centuple, présentement dans ce temps-ci, des maisons, des frères des sœurs, des mères, des enfants et des terres, avec des persécutions et, dans le siècle à venir, la vie éternelle". N'ayant aucune idée du vrai message du salut, j'ai décidé que j'avais véritablement reçu un appel pour être missionnaire.

Mes essais pour mériter mon salut

J'ai quitté famille et amis en 1956 pour rejoindre l'Ordre de St Dominique.
J'ai ensuite passé huit années à apprendre à être moine et à étudier les traditions de l'Eglise, la philosophie, la théologie de Thomas d'Aquin, et quelques notions bibliques selon l'optique de l'Eglise catholique romaine.
Ma foi personnelle était, en quelque sorte, institutionnalisée et ritualisée à cause du système religieux dominicain. La sanctification, me disait-on, s'obtenait en obéissant aux lois de l'Eglise et de l'ordre dominicain. Bien souvent j'ai parlé avec Ambrose Duffy, directeur des étudiants, de la loi en tant que moyen de sanctification. Je ne voulais pas seulement devenir "saint" ; je voulais aussi avoir l'assurance de mon salut éternel. J'ai mémorisé une partie de l'enseignement du Pape Pie XII qui dit: "Le salut de beaucoup dépend des prières et des sacrifices offerts par le corps mystique du Christ dans cette intention." L'idée de "gagner le salut" par la souffrance et la prière est également le message fondamental de Fatima et de Lourdes ; j'ai donc recherché mon propre salut et celui des autres dans la souffrance et dans la prière. Dans notre monastère dominicain de Tallaght à Dublin, je me livrais donc à des exploits pénibles afin de gagner des âmes : je prenais des douches froides en plein hiver et me flagellais le dos avec une chaînette d'acier. Le directeur des étudiants savait ce que je faisais ; sa vie austère était pour moi une source d'inspiration autant que les paroles du Pape. Avec rigueur et détermination, j'étudiais, je priais, je faisais pénitence, et j'essayais de respecter les Dix Commandements ainsi qu'une foule de règles et de traditions dominicaines.

Heureux au-dehors, et vide au-dedans

En 1963, à l'âge de vingt-cinq ans, après avoir été ordonné prêtre de l'Eglise catholique romaine, j'ai suivi un cycle d'études sur Thomas d'Aquin à l'Université Angelicum à Rome. Là, j'ai commencé à éprouver des difficultés : c'était le bonheur au-dehors, et le vide au-dedans. Depuis des années, je m'étais fait, au travers de livres et d'images, une représentation du Saint-Siège et de la Ville Sainte. S'agissait-il bien de la même ville ? J'étais également choqué d'en voir qui venaient le matin à l'Université Angelicum tout en paraissant se désintéresser complètement de la théologie. Ils lisaient "Time" et "Newsweek" pendant les cours. Ceux qui s'intéressaient à l'enseignement ne le faisaient que pour obtenir un diplôme ou une situation dans l'Eglise catholique dans leur pays d'origine. Un jour je suis allé au Colisée, pour me tenir à l'endroit même où tant de chrétiens avaient versé leur sang. Arrivé au Forum, je me suis dirigé vers l'arène.
J'essayais de m'imaginer ces hommes et ces femmes qui connaissaient si bien le Christ que plutôt que de Le renier, ils consentaient avec joie à être brûlés vifs ou dévorés par les bêtes ; mais la joie de cette expérience a été ternie par de jeunes voyous qui, alors que je revenais prendre l'autobus, m'ont traité de "fumier" et "d'ordure". Je pressentais qu'ils le faisaient non pas parce que j'avais pris position pour le Christ comme les premiers chrétiens, mais parce qu'ils voyaient en moi le système catholique romain. J'ai vite chassé ces pensées, mais les enseignements que j'avais reçus sur la gloire présente de Rome me semblaient maintenant vains et illusoires. Peu après, j'ai passé deux heures en prière pendant la nuit devant le maître-autel de l'église de San Clemente. J'ai repensé à l'appel reçu dans ma jeunesse pour devenir missionnaire, ainsi qu'à la promesse de la récolte "au centuple" de Marc 10 : 29-30. J'ai décidé de ne pas passer mon diplôme de théologie, ce qui avait été mon ambition depuis le début de mes études sur Thomas d'Aquin. J'ai pris cette décision importante, après avoir prié longuement, et j'étais sûr que c'était la bonne. Le prêtre qui devait diriger ma thèse ne voulait rien entendre, et pour me faciliter les choses, il m'a proposé de faire passer pour mienne une thèse écrite par quelqu'un d'autre quelques années auparavant. Ce serait comme si je l'avais rédigée moi-même, à condition que je la soutienne devant un jury. Cette proposition m'a donné la nausée. Je m'en suis tenu à ma décision, terminant mes études à l'Université au niveau ordinaire, sans le diplôme. Peu après, j'ai reçu l'ordre de me rendre sur l'île de La Trinité, aux Antilles, comme missionnaire. L'orgueil, la chute, et une faim nouvelle.
Je suis arrivé à La Trinité le premier octobre 1964.
Pendant sept ans, j'ai goûté à la réussite en tant que prêtre de l'Eglise catholique romaine, m'acquittant de tous mes devoirs et attirant beaucoup de gens à la messe. Dès 1972, je me suis engagé dans le mouvement charismatique catholique. Lors d'une réunion de prière au mois de mars cette année-là, j'ai remercié le Seigneur de m'avoir fait si bon prêtre et Lui ai demandé, si telle était Sa volonté, de me rendre plus humble. Le soir même, dans un accident invraisemblable, j'ai eu une fracture à l'arrière du crâne et plusieurs blessures à la moelle épinière. C'est seulement plus tard que je l'ai compris : si je n'avais pas frôlé la mort d'aussi près, jamais je ne serais sorti de cet état d'autosatisfaction où je me complaisais avant l'accident. Les prières toutes faites et apprises par cœur s'avéraient parfaitement creuses, alors que dans ma douleur je criais vers Dieu. Dans cette souffrance qui m'a tenaillé pendant des semaines après l'accident, j'ai commencé à trouver quelque réconfort dans la prière personnelle. J'ai cessé de dire le bréviaire, source officielle des prières du clergé catholique romain, ainsi que le rosaire. J'ai commencé à me servir de passages bibliques pour prier. Cela m'a pris beaucoup de temps : je ne savais pas me repérer dans la Bible ; l'enseignement que j'avais reçu, année après année, me portait à me méfier d'elle plutôt qu'à lui faire confiance.
Ma formation en philosophie et en théologie scolastique ne m'aidait pas davantage, si bien qu'entrer dans la Bible pour y trouver le Seigneur, c'était un peu comme entrer dans une immense forêt sombre sans avoir de carte. Lors de ma nomination dans une nouvelle paroisse, plus tard au cours de la même année, j'ai retrouvé un prêtre dominicain qui avait été depuis longtemps un frère pour moi. Pendant près de deux ans, nous avons ouvré côte à côte, cherchant Dieu du mieux que nous pouvions, dans cette paroisse de Pointe-à-Pierre. Nous lisions, étudions, priions et mettions en pratique ce que nous avions appris de l'enseignement de l'Eglise. Nous avons établi des communautés dans plusieurs villages. Au sens où on l'entend dans le catholicisme romain, nous avons très bien réussi : Beaucoup de gens venaient à la messe et on enseignait le catéchisme dans de nombreuses écoles, y compris les écoles d'état. J'ai continué, pour ma part, à étudier la Bible, mais cela n'avait que peu d'incidences sur notre travail : cela me montrait simplement combien peu je connaissais le Seigneur et Sa Parole. Le mouvement catholique charismatique se développait, et nous l'avons introduit dans presque tous nos villages. A cause de ce mouvement, quelques chrétiens canadiens sont venus à La Trinité pour partager avec nous leur foi. Leurs messages m'ont beaucoup apporté, en particulier dans le domaine de la prière pour la guérison. Leur enseignement était surtout orienté vers l'expérience, mais il a été pour moi une bénédiction dans la mesure où il m'a poussé à accorder une profonde confiance à la Bible en tant que source d'autorité. Je me suis mis à rapprocher les passages bibliques les uns des autres, et même à citer des chapitres et des versets ! Les Canadiens citaient souvent Esaïe 53:5, "par ses meurtrissures nous avons la guérison". En étudiant Esaïe 53, j'ai découvert que le remède biblique au péché réside dans la mort par substitution : Christ est mort à ma place. Il était donc mauvais de tenter d'expier mes propres fautes ou d'ajouter moi-même quelque paiement pour prix de mes péchés. "Si c'est par grâce, ce n'est plus par les oeuvres ; autrement la grâce n'est plus une grâce." (Romains 11: 6) "Nous étions tous errants comme des brebis, chacun suivait sa propre voie ; et l'Eternel a fait retomber sur lui la faute de nous tous" (Esaïe 53:6). Je péchais souvent en m'irritant contre d'autres personnes ; j'avais parfois même des colères. Je demandais, bien sûr, pardon pour mes péchés, mais je n'avais pas encore compris que j'avais une nature de pécheur, cette nature que nous héritons tous d'Adam. La vérité selon les Ecritures, la voici : "Il n n'y a pas un seul juste, non, pas un seul "(Romains 3: 10) Et encore : " Car tous ont péché, et n'atteignent pas à la gloire de Dieu. " (Romains 3:23). L'Eglise catholique, elle, m'avait enseigné que la dépravation de la nature humaine avait été ôtée par le baptême reçu à ma naissance.
Intellectuellement, je le croyais encore, mais au fond de mon cœur, je savais que ma nature dépravée n'avait pas encore été vaincue par Christ.
C'est à ce moment-là que ce verset de Philippiens 3 : 10 est devenu le cri de mon cœur : "Mon but est de Le connaître, Lui, ainsi que la puissance de Sa résurrection ". Je comprenais que c'est uniquement par Sa puissance qu'on peut vivre en chrétien. J'ai fixé au tableau de bord de ma voiture et en d'autres endroits ce verset qui exprimait ma raison d'être. Dans Sa fidélité, le Seigneur a répondu à ce cri.


La question suprême

J'ai d'abord découvert que la Bible, Parole de Dieu, a une valeur absolue et qu'elle est exempte de toute erreur. On m'avait appris que la Parole n'avait qu'une valeur relative, et que dans bien des domaines sa véracité était discutable. En me servant de la Concordance de Strong, je me suis mis à étudier ce que la Bible dit d'elle-même. Cela m'a fait comprendre qu'elle est, au contraire, parfaitement fiable, qu'elle vient de Dieu et qu'elle enseigne des absolus. Les faits historiques qu'elle rapporte sont véridiques; toutes les promesses de Dieu sont vraies, de même que les prophéties, et les commandements bibliques pour vivre selon la justice. "Toute Ecriture est inspirée de Dieu et est utile pour enseigner, pour convaincre, pour redresser, pour éduquer dans la justice, afin que l'homme de Dieu soit adapté et préparé à toute oeuvre bonne. " (2 Tim.3.16-17) J'ai fait cette découverte lors d'une visite à Vancouver et à Seattle. C'était la première fois que je saisissais cette vérité et me sentais libre d'en parler. Devant à peu près quatre cents personnes dans une grande paroisse de Vancouver, j'ai proclamé, Bible en main, que la Bible, Parole de Dieu, est la source d'autorité suprême et absolue dans les toutes les questions concernant la foi et la conduite de la vie. Trois jours plus tard, l'archevêque de Vancouver, James Carney, m'a convoqué dans son bureau et m'a interdit de prêcher dans son évêché. Il m'a également dit que ma punition aurait pu être bien plus sévère si une lettre de recommandation de mon propre archevêque ne l'avait tempérée. Je suis revenu à La Trinité peu après.

Le conflit entre l'église et la Bible

Lorsque j'étais encore prêtre de paroisse à Pointe-à-Pierre, on a demandé à Ambrose Duffy (l'homme qui m'avait donné une formation si sévère quand il était directeur des étudiants) de m'assister. C'était un retournement de situation. Après quelques difficultés initiales, nous avons fini par devenir bons amis. Je partageais avec lui ce que je découvrais. Il écoutait et faisait des commentaires avec beaucoup d'intérêt, voulant savoir ce qui me motivait. Je voyais en lui un canal de communication avec mes frères dominicains et même avec le personnel de mon archevêché. Il est mort subitement d'une crise cardiaque, ce qui a été pour moi un immense chagrin. Je voyais en Ambrose l'homme qui aurait pu nous expliquer, à mes frères dominicains et à moi, la contradiction entre l'Eglise et la Bible, ainsi que les vérités avec lesquelles je me débattais si fort. J'ai prêché à son enterrement, mais mon désespoir restait profond. J'ai continué à prier sur Philippiens 3:10 : "... Le connaître, Lui, ainsi que la puissance de Sa résurrection". Mais pour Le connaître mieux, je devais comprendre d'abord mon état de pécheur. J'ai vu dans la Bible (1 Tim : 2:5) que si mon rôle sacerdotal d'intermédiaire correspondait bien à la doctrine catholique romaine, il était parfaitement contraire à la doctrine biblique. J'aimais beaucoup être respecté, presque idolâtré. Je justifiais mon péché en me disant : "Après tout, si c'est ce qu'enseigne la plus grande Eglise au monde, qui suis-je pour le remettre en question ?" Cependant, mon conflit intérieur s'intensifiait. Je commençais à voir que c'était un péché de rendre un culte à la Vierge Marie, aux saints et aux prêtres. Et tout en acceptant de renoncer à invoquer la Vierge et les saints en tant que médiateurs, je n'arrivais pas à renoncer au sacerdoce, car j'y avais investi toute ma vie.

Les années de conflit intérieur

Marie, les saints et le sacerdoce n'étaient qu'une infime partie de l'immense combat auquel j'étais affronté. Qui donc était Seigneur de ma vie: Jésus Christ et sa Parole ou bien l'église de Rome ? Cette dernière question, surtout, a fait rage en moi au cours de mes six dernières années en tant que prêtre de paroisse à Sanger Grande (1979-85). L'idée que l'église catholique romaine est l'autorité suprême en matière de morale et de foi m'avait été inculquée dès ma plus tendre enfance. Apparemment, personne ne pouvait rien changer à cela. Non seulement Rome était l'autorité suprême, mais encore fallait-il toujours l'appeler : "notre Sainte Mère". Comment pouvais-je m'élever contre elle, tout en dispensant ses sacrements, moi qui devais être le garant de la fidélité de tout un peuple ? En 1981, lors d'une session de renouveau spirituel dans une paroisse de la Nouvelle Orléans, je suis allé jusqu'à renouveler ma consécration au service de l'Eglise catholique romaine. Pourtant, lorsque je suis retourné à La Trinité et que je me suis retrouvé face aux vrais problèmes de l'existence, je suis revenu vers l'autorité de la Parole de Dieu. La tension grandissait au-dedans de moi, en sorte que tantôt c'était l'Eglise romaine qui était pour moi l'autorité absolue, et tantôt c'était la Bible. Mon estomac m'a bien fait souffrir pendant ces années-là ; mes émotions étaient le reflet de ce conflit. J'aurais dû savoir qu'on ne peut servir deux maîtres à la fois, et que j'étais tenu, en tant que prêtre catholique, de placer l'autorité absolue de la Parole de Dieu plus bas que l'autorité suprême de l'Eglise de Rome. Cette contradiction se retrouve dans ce que j'ai fait des quatre statues de l'église de Sangre Grande. J'ai enlevé et détruit les statues de St. François et de St Martin, du fait que le deuxième commandement de la loi de Dieu déclare dans Exode 20.4 : "Tu ne te feras pas de statue". Mais lorsque certaines personnes ont refusé d'abandonner les statues du Sacré-cœur et de la Vierge Marie, je les ai laissées en place à cause de l'autorité supérieure de l'Eglise catholique romaine, dont la loi, dans le Canon 1188, déclare : "La pratique consistant à montrer des images sacrées dans l'église pour la vénération des fidèles doit se perpétuer." Je ne voyais pas que c'était là une tentative de soumettre la Parole de Dieu à celle des hommes. Des chrétiens venus de l'autre côté de l'océan assistaient à la messe ; ils voyaient notre saint chrême, l'eau bénite, nos médailles, nos statues, nos vêtements sacerdotaux, nos rituels, et trouvaient que tout allait très bien ! Le style captivant de l'Eglise catholique, ses symboles, sa musique, son sens esthétique avaient quelque chose de fascinant. Le parfum de l'encens ne se borne pas à enchanter notre sens olfactif : il immerge la pensée dans un profond sentiment de mystère.

Le tournant

Un jour, une femme m'a interpellé. Elle est la seule personne à m'avoir interpellé pendant mes 22 ans de sacerdoce. "Vous autres catholiques romains, vous avez la forme extérieure de la piété, mais vous n'en avez pas la puissance", me dit-elle. Ces paroles m'ont troublé pendant assez longtemps, parce que j'aimais les cierges, les bannières, la musique folklorique, les guitares et les percussions. Aucun prêtre à La Trinité n'avait de vêtements liturgiques ni de bannières plus rutilants que les miens. C'était bien évident : je ne mettais pas en pratique les versets que j'avais sous les yeux. En octobre 1985, la grâce de Dieu l'a emporté sur le mensonge que j'essayais de vivre. Je suis allé à la Barbade pour prier au sujet du compromis dans lequel je m'efforçais de demeurer, et où je me sentais bel et bien piégé. La Parole de Dieu est véritablement absolue.
C'est à elle seule que je devais obéissance ; pourtant c'était au même Dieu que j'avais promis d'obéir à l'autorité suprême de l'Eglise catholique romaine. A la Barbade, j'ai lu un livre expliquant le sens de l'Eglise selon la Bible : elle est "la communauté des croyants". Dans le Nouveau Testament on ne trouve pas la moindre trace d'une hiérarchie, il n'y a pas non plus de "clergé" au-dessus des "laïcs". Bien plutôt, comme le dit le Seigneur lui-même : "un seul est votre Maître, et vous êtes tous frères" Matt 23.8).
Considérer l'église comme une communauté, voilà qui me laissait libre de rejeter l'Eglise catholique romaine comme autorité suprême, pour dépendre seulement de Jésus-Christ, le Seigneur. J'ai finalement compris que selon les critères bibliques, les évêques que je connaissais dans l'Eglise catholique romaine n'étaient pas des croyants. Ils étaient, pour la plupart, des hommes pieux, loyaux envers Rome et remplis de dévotion pour la Vierge Marie et le rosaire; mais aucun d'entre eux ne comprenait que l'oeuvre de salut était achevée, que l’œuvre de Christ est parfaite, et que nul ne peut ajouter quoi que ce soit au salut personnel parfait qu'offre le Christ. Ils prêchaient tous la confession des péchés et la repentance, la souffrance humaine, les actes religieux, "la solution humaine" plutôt que l'Evangile de la grâce. Par la grâce de Dieu, j'ai vu que ce n'était pas par l'Eglise de Rome ni par aucune sorte de mérite qu'on est sauvé. C'est "par la grâce en effet que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu. Ce n'est point par les oeuvres, afin que personne ne se glorifie. " (Eph. 2.8-9).

Nouvelle naissance à quarante-huit ans

J'ai quitté l'Eglise catholique romaine quand j'ai vu combien il est impossible de vivre en Jésus- Christ tout en restant fidèle à la doctrine catholique romaine. En quittant La Trinité en novembre 1985, j'avais seulement de quoi me rendre à la Barbade, une île voisine. Là, j'ai été hébergé chez un couple âgé ; j'ai prié pour recevoir un costume et l'argent nécessaire pour aller au Canada, puisque j'avais, en tout et pour tout, une centaine de dollars et des vêtements pour le climat tropical. Ces deux prières ont été exaucées sans que j'aie à faire connaître mes besoins à quiconque, sauf au Seigneur. Venant de températures tropicales dans les trente degrés, j'ai débarqué dans la neige et la glace au Canada. Un mois après mon arrivée à Vancouver, je suis parvenu aux Etats-Unis. Je faisais confiance au Seigneur pour qu'Il S'occupe de tous mes besoins, puisque je repartais à zéro dans la vie, à quarante huit ans, sans argent, sans carte de séjour, sans permis de conduire, ni personne pour me recommander, en dehors du Seigneur et de Sa Parole. J'ai passé six mois chez un couple chrétien dans une ferme dans l'Etat de Washington. J'ai expliqué à mes hôtes que je venais de quitter l'Eglise catholique romaine, que j'avais accepté Jésus et Sa Parole dans la Bible comme étant entièrement suffisants ; et tout cela de façon "absolue, finale, définitive, et résolue". Pourtant, sans être le moins du monde impressionnés par mes quatre adjectifs, ils voulaient savoir s'il restait en moi quelque blessure ou quelque amertume. A travers la prière, et avec une immense compassion, ils se sont occupés de moi, sachant, pour avoir fait la même démarche, combien il est facile de laisser entrer l'amertume. Quatre jours après mon arrivée chez eux, par la grâce de Dieu, j'ai commencé à vivre la repentance et à voir se manifester le fruit du salut. J'avais non seulement à demander pardon au Seigneur pour mes nombreuses années de compromis, mais encore à accepter Sa guérison dans les
domaines où j'avais été si profondément blessé. Bref, à l'âge de quarante-huit ans, sur l'autorité de la seule Parole de Dieu, par la grâce seule, j'ai accepté la mort de Christ qui est devenu notre substitut en Se donnant à notre place sur la croix. A Lui seul revient toute la gloire. Une fois que j'ai été remis à neuf physiquement et spirituellement par ces deux chrétiens et leur famille, le Seigneur m'a donné une épouse, Lynn, elle aussi "née de nouveau" par la foi, douée de dispositions merveilleuses et d'une belle intelligence. Nous nous sommes rendus à Atlanta, en Georgie, où nous avons tous les deux trouvé du travail.

Un vrai missionnaire, avec un message véridique

En septembre 1988, nous avons quitté Atlanta pour être missionnaires en Asie. Ce fut une année riche et abondante dans le Seigneur comme je ne l'aurais jamais cru possible. Hommes et femmes en vinrent à connaître l'autorité de la Bible et la puissance de la mort et de la résurrection du Christ. J'étais stupéfait de voir combien la grâce du Seigneur peut agir efficacement, lorsque la Bible seule est utilisée pour présenter le Seigneur Jésus-Christ. Quel contraste avec les traditions de l'Eglise catholique romaine, qui comme des toiles d'araignée m'avaient obscurci l'esprit pendant près de vingt-et-un ans ! Tout missionnaire que j'étais, à La Trinité, je n'avais pas de message véridique. Afin d'expliquer la vie abondante dont Jésus parlait et dont je profite à l'heure actuelle, il n'y a pas de mots plus expressifs que ceux de Romains 8 : 1-2 : "Il n'y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Christ Jésus, et qui marchent non selon la chair mais selon l'Esprit En effet, la loi de l'Esprit de vie en Christ Jésus m'a libéré de la loi du péché et de la mort. " Je ne suis pas seulement libéré du système catholique romain, : je suis devenu une nouvelle créature en Christ. C'est par la grâce de Dieu, et rien que par sa grâce, que je suis passé des oeuvres mortes à la vie nouvelle.

Aujourd'hui

Ma tâche, celle que le Seigneur m'a préparé, est d'être évangéliste dans la région du Pacifique dans le Nord-Ouest des Etats-Unis. Ce que Paul disait de ses compatriotes Juifs, je peux le dire de mes chers frères catholiques romains : le désir et la prière de mon coeur est qu'ils soient sauvés. Je
suis témoin qu'ils sont zélés pour Dieu, mais leur zèle est fondé sur la tradition de leur église plutôt que sur la Parole de Dieu. Si vous comprenez la dévotion et les terribles souffrances que certains de nos frères et sœurs des Philippines et de l'Amérique du Sud vivent dans leur religion, vous pouvez comprendre le cri de mon coeur: "Seigneur, donne-nous cet amour qui saura comprendre la douleur et le tourment de ces frères et sœurs qui cherchent à Te plaire." En comprenant la douleur du cœur catholique romain, nous serons motivés pour leur présenter la Bonne Nouvelle de l’œuvre achevée du Christ sur la Croix. Mon témoignage montre combien il m'a été difficile, en tant que catholique romain, d'abandonner la tradition ecclésiale. Mais lorsque le Seigneur le demande dans Sa Parole, nous devons capituler.
La "forme extérieure de la piété" que manifeste l'Eglise catholique romaine fait qu'il est difficile de mettre le doigt sur le problème. Chacun doit parvenir à une conviction personnelle quant à l'autorité qui nous donne de connaître la vérité. Rome déclare que c'est uniquement sous son autorité que la vérité peut être connue. De par ses propres mots (Canon 212, Section 1),"Le Chrétien fidèle et conscient de sa responsabilité est tenu, par obéissance chrétienne, de suivre ce que les pasteurs sacrés, en tant que représentants du Christ, déclarent en tant que docteurs de la foi ou décident en tant que chefs de l'Eglise." (Code de Droit Canon, fondé sur le Concile de Vatican II, promulgué par le Pape Jean Paul II, 1983. Et pourtant, d'après la Bible, c'est la Parole de Dieu elle-même qui est la source de vérité. C'est à cause de ces traditions d'hommes que les Réformateurs ont pris pour devise : "L'Ecriture seule, la foi seule, la grâce seule, dans le Christ seul, et à Dieu seul la gloire." L'étape la plus difficile pour les bons catholiques que nous sommes, c'est de nous repentir des pensées de "mérite", de "gain", "d'être assez bon", afin d'accepter simplement, les mains vides, le cadeau de justice que nous trouvons en Jésus-Christ. Le refus d'accepter ce que Dieu commande est le même péché que celui des Juifs religieux du temps de Paul, qui "en ignorant la justice de Dieu, et en cherchant à établir leur propre justice, ne se sont pas soumis à la justice de Dieu" (Romains 10.3) Repentez-vous et croyez en l'Evangile!

Richard Bennett est né en 1938 en Irlande.